Le charpentier qui écoute le silence du bois
Né en 1983 à Kyoto, où il vit et travaille toujours, Akiyoshi Fukushima s’oriente très tôt vers l’architecture sukiya. À dix-huit ans, il choisit cette voie exigeante, séduit par la sobriété des maisons de thé et par une esthétique où la beauté s’exprime davantage dans la retenue que dans l’apparat.
Il se forme chez Taniguchi Komuten, sous la direction du maître Taniguchi, héritier de Sotoji Nakamura, figure emblématique de la charpenterie sukiya de l’ère Shōwa. Pendant treize ans, Fukushima y acquiert bien plus qu’un savoir-faire : il s’imprègne d’une philosophie du geste, fondée sur le respect absolu des matériaux, la précision comme discipline et l’idée que l’essentiel se loge souvent dans ce qui ne se voit pas.
À l’issue de cet apprentissage, il fonde sa propre pratique. Il travaille alors avec plusieurs grandes lignées iemoto de la cérémonie du thé, participant à la construction, à la restauration et au déplacement de maisons de thé dans tout le Japon. Restant fidèle aux outils manuels et aux assemblages traditionnels, il cherche avant tout à révéler la présence du bois, sa texture, son vieillissement, et cette dimension temporelle qui fait la singularité des matériaux naturels.
Pour Akiyoshi Fukushima, construire ne se résume pas à assembler une structure. Son travail s’inscrit dans un projet plus vaste : faire perdurer un esprit culturel et concevoir des espaces où l’on peut revenir à soi. La maison de thé, explique-t-il, est un lieu qui engage un dialogue silencieux avec ceux qui y entrent.
Aujourd’hui, il poursuit cette mission avec constance et humilité : préserver un patrimoine, transmettre un savoir, et faire vivre l’architecture des maisons de thé comme une pratique résolument contemporaine, non pas un héritage figé, mais une manière d’envisager l’avenir.