À l'issue de la formation le stagiaire aura assimilé :
Créer une sculpture-passerelle à partir d’arbres (parasités) d’une forêt locale, régénérés par l’eau et le feu ; une technologie naturelle. Une oeuvre-projet aux entrées multiples : poétique, idéologique, naturelle, contributive ; et qui mélange de façon hybride, les notions d’architecture, d’art, de paysagisme, d’artisanat, et d’ingénierie.
Cette sculpture-ponton, architecturale, est aussi protectrice. Elle aménage dans le même temps un passage pour l’humain et pour la nature : nature et culture cohabitent. En créant un chemin de bois « suspendu » et traversant, la nature endémique du sentier est préservée. L’usager en marchant au-dessus du biotope ne le piétine pas. La faune et la flore du sentier peuvent se développer. Une haie naturelle, rappelant le bocage, va pouvoir se former sous la longue passerelle qui arpente l’environnement.
Créer cette passerelle, c’est travailler avec et pour l’écosystème local, depuis et avec la forêt, avec les arbres parasités qui forment le matériau. La sculpture a pour fonction de changer de point de vue sur son territoire et ses ressources, observer son milieu et paysage, protéger les sols, marquer le maillage territorial.
Avec ce projet, le bois réemployé pour la sculpture va cohabiter encore au moins 80 ans avec l’environnement. En effet, la solution se trouve dans le réemploi et la circularité, un mélange nature-culture : incarné par la création d’une sculpture-ponton.
L’arbre parasité (insectes - champignons - incendies) est une ressource
Le processus consiste à s’appuyer sur divers procédés. Deux procédés ancestraux naturels et régénérants, du feu sur le bois. Un troisième, toujours par traitement thermique, est, lui, contemporain. Tous, sont des principes de cuisson dont l’issue est d’attribuer de nouvelles propriétés mécaniques à ces arbres caverneux (les nuisibles grignotent la lignine créant des galeries) issus de la sécheresse, et que l’on perçoit comme condamnés.
Je m’inspire de l’archéologie expérimentale du paléothique (pirogue creusée par le feu, durcissement du bois par le feu pour faire des pointes de flèches), du brûlage japonais (Shou Sugi Ban) du moyen âge et de la rétification, procédé thermique contemporain (traitement thermique qui permet de durcir le bois par la chaleur en réduisant son taux d’humidité).
A partir de ces procédés que j’ai expérimenté, et suite à des observations, j’ai additionné l’eau au feu, créant un choc thermique : en combinant l’eau au feu, le bois se transforme en une matière pétrifiée et très dure. Les cavernes ovales et rondes des arbres deviennent des percées, que le feu a figé et endurcies. Une matière hybride, un peu merveilleuse, dissimulée sous la carbonisation, apparaît lorsque l’on gratte le carbone. Un bois fumé, moucheté, hydrofuge et imputrescible.
Que ce soient les arbres touchés par les méga-feux ou ceux parasités, il est nécessaire de laisser une partie d’entre eux à la forêt pour constituer l’humus ; mais les migrations importantes, combinées à l’affaiblissement des forêts, provoquent toujours plus, trop, de dépérissement. Des arbres qui sont délaissés par l’industrie du bois, considérés comme déchets.
Plus symboliquement, travailler avec l’obsolescence des arbres parasités cherche à déconstruire la notion de périssable. Le périssable aux yeux de la culture, de l’humain, produit le déchet.
Sara Favriau est lauréate du Prix des Amis du Palais de Tokyo 2015. En 2016, elle bénéficie d’une exposition personnelle au Palais de Tokyo : « La redite en somme, ne s’amuse pas de sa répétition singulière ». En 2017, Elle expose en solo-show au Château de Chaumont, à Independent Brussels et effectue une résidence : Arts et monde du travail avec le Ministère de la Culture, en partenariat avec le CNEAI. En 2018, elle participe à la première Biennale de Bangkok Beyond Bliss en tant qu’invité d’honneur. En 2019, elle effectue la résidence French Los Angeles Exchange (FLAX) et participe à la première Biennale de Rabat. En 2020 elle commence une collaboration sur le temps long, avec l’INRAe et des biologistes de l’Unité des Forêts Méditerranéenne. Elle est invitée à la Villa Noailles pour le Festival International de la Mode où elle expose une installation d’arbres sculptés issus d'une parcelle de forêt à côté de Marseille étudiée par l’INRAe. En 2021, un arbre-pirogue traverse la mer Méditerranée, depuis les salins des Pesquiers à Hyères, où la pirogue a été réalisée, vers la Fondation Carmignac sur l’Ile de Porquerolles. En 2021-2022, elle effectue une résidence de la Royal Commission RCU and French Agency Afalula, opérée par Manifesto, à AlUla en Arabie Saoudite. Son travail est présent dans de nombreuses collections publiques : FMAC (collection de la ville de Paris), FDAC Essonne, FRAC Normandie Caen, FRAC Centre, MAC VAL (installation pérenne), BAB (Bangkok Art Biennale)… https://sarafavriau.com/
Tarif comprenant le coût de la formation, les matériaux, les équipements de protection individuelle, l’hébergement, et la pension complète.
Votre formation peut être financée par votre organisme de formation professionnel OPCO et France Travail, renseignez-vous !
Tarif adaptable pour Alumni du Campus Mana, étudiants et partenaires du Campus.
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